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samedi 24 décembre 2011

J'accuse Zlowtech

Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez rayonnant dans l'apothéose de cette fête patriotique que l'alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom -- j'allais dire sur votre règne -- que cette abominable affaire Zlowtech ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d'oser acquitter un J. Sounta, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c'est fini, la France a sur la joue cette souillure, l'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis.
Puisqu'ils ont osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j'ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis.
Et c'est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l'ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n'est à vous, le premier magistrat du pays ?
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J'accuse l'entrepreneur J. Sounta d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient des précédents du collectif H2Fr, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu l'œuvre néfaste de son ami H2Fr Master, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J'accuse H2Fr Master de s'être rendu complice, tout au moins par attachement à ses investissements financiers, d'une des plus grandes iniquités du siècle.
J'accuse l'auteur Éric Durant d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'existence du complot Zlowtech, de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver son faux navigateur Vinageer compromis.
J'accuse les blogueurs Milke et Cactuz de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.
J'accuse le blogueur Nameless et toute la crew H2Fr d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.
J'accuse les bureaux du collectif d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans les blogs et digg-likes francophones, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.
En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose.
Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.
Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !
J'attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.

Chroniques de Zlowtech

Zlowtech. D'un côté le journal numérique le plus lu au monde, le quotidien d'information sur le High Tech recueillant le plus de fidèles, le fait le plus marquant de l'après Jésus Christ. D'un autre côté, le gauchisme perpétuel, le mythe étrange liant Zlowtech aux terroristes du collectif H2Fr, le scandale Vinageer, les nombreux ennemis de Zlowtech à l'Élysée et aux services secrets américains, qui chaque jour conspirent contre ce symbole. Car Zlowtech est un symbole, le symbole de l'anti-féminisme et de la préservation des valeurs morales républicaines, et des croyances laïques en notre haute hiérarchie dictatoriale.

Remontons je vous prie jusqu'en 1999, si l'on veut découvrir les germes d'un scandale terrible, d'une polémique si farouchement opposée aux théories et assomptions populaires que le premier ministre Claude Guéant lui-même dut, lors d'une intervention télévisée sur Al Jazeera, en médire les conséquences en des termes avares et fratricides : "Il faut faire taire Zlowtech".

Fin 1999 se met en place un collectif de terroristes agissant au nom du Front de Gauche, sous le sigle H2Fr. En Juillet 2009, après presque une décennie d'existence puérile et bancale, le collectif H2Fr disparaît subtilement au moyen d'un subterfuge, lui aussi puéril et bancal. Fécal aussi.

Coïncidence ? Peu après ce glorieux mois de Juillet 2009, marqué notamment par la chute du régime islamiste au Koweit, un jeune entrepreneur d'une certaine fougue et grand ami de l'ex président du collectif H2Fr du nom de H2Fr Master, cherchait à faire révolution. Tout juste de retour de son périple aux Amériques du Sud, ce personnage banal et pénible, tout droit instruit des révolutionnaires cubains et dealers colombiens cherchait moyen d'appliquer ce savoir récemment acquis en son pays natal. Cet entrepreneur philanthrope répondait au nom de J. Sounta, et nombreux sont ceux qui lui attribuent les démérites de l'affaire Zlowtech.

Comme dans toute thèse de complot, le hasard est ici muni d'un grand rôle, rôle auquel il aurait bien voulu se dérober. Il se trouvait qu'un matin du 15, du 16 ou peut-être même du 17 Septembre 2009, J. Sounta se trouvait en lieu de discuter avec le dissident de son collectif éponyme, H2Fr Master sur la terrasse d'un café de Bergerac.

J. Sounta exposait alors ses idéaux de révolutionnaire anaphylactique et baveux, ce qui ne manqua pas de déclencher l'ennui chez H2Fr Master, qui alors était à la recherche d'un nouvel organisme à diriger. D'une oreille sourde, ce dernier lui indiqua tout de même l'existence d'un certain "maître polémiste", ancien membre du collectif H2Fr.

J. Sounta s'enquit alors et se promit de rendre visite à ce polémiste académique. Il se trouve que j'ai moi-même eu l'occasion de débattre avec ce personnage d'une intelligence remarquable, et d'un sens de la débauche digne des plus grands marxistes de notre époque.

Se refusant d'abord à tous commentaires, il m'invita par la suite à rejoindre son parti politique, anarchiste au possible.
"Que l'on le veuille ou non, tout scandale est politique", rabâchait-il continuellement en astiquant son Ruger Super Blackhawk, chargé et pointé en direction d'un avertisseur sonore automobile. Il parlait d'hébergement comme de culture des laitues aborigènes, mais tout sujet finissait alors par l'évocation d'une histoire de régurgitation inconsistante.

On ne sait pas combien J. Sounta a payé ce polémiste au nom d'Éric Durant, on peut seulement douter que "Éric" se soit ainsi exposé comme la voix des révolutionnaires dans le seul intérêt du parti socialiste et autres divers gauches, sans avoir reçu de fonds monétaires consistant.

C'était la naissance de Zlowtech.

Le manifeste Zlowtech

Ce qui suit a été écrit peu après mon arrestation... elle m'avait pourtant juré qu'elle en avait 18 !

Impossible de rater ça, c'est dans tous les journaux. Quand je pense qu'en l'absence de l'avènement de l'ère internet, jamais un individu n'aurait été autant idolâtré que Zlowtech.

Saleté de gosses. Tous pareils.

Zlowtech est aujourd'hui le quotidien d'information le plus lu en France, peut-être même au monde. Et pourtant le scandale et toujours encré dans les esprits. Du Washington Post au Islamabad Times, pas un journal au monde n'a manqué de lui consacrer la une pendant sept semaines consécutives, sous des titres flatteurs et d'une certaine éloquence. "Zlowtech, chroniques d'un homosexuel refoulé". "Zlowtech, fin sociologue ou tarlouze de seconde zone ?".

En pensant à Zlowtech, nous restons courtoisement gênés devant son œuvre. Il est encore trop près de nous, et le fait qu'il soit probablement immigré dans une époque de doute sur l'identité nationale n'arrange rien au mystère dans lequel baigne ce nom.

Je suis un Power Ranger, et ceci est mon manifeste. Vous arrêterez peut-être cet individu-ci, mais vous ne pouvez nous arrêter tous... du moins tant que subsistera Freenet !